mardi 30 décembre 2008

Qui touche à mon corps je le tue

Lucie L. se repose, la sueur au front, une sonde dans l'utérus, attendant l'expulsion de l'embryon qu'elle porte. Marie M. pense à son passé, dans son cachot, en attendant son exécution prochaine. Ni ses enfants, ni son mari ne savent ce qu'elle est : une faiseuse d'ange. Henri D., lui, essaie désespérément de s'anesthésier les sens avant, le lendemain, de faire son travail : il devra exécuter, encore une fois. Il devra tuer une avorteuse.

Des pensées sans fin, des avalanches de souvenirs qui s'entremèlent tandis que ces trois destins se superposent et que le passé et le présent se mélangent, c'est la matière de ce roman. Un roman qui parle de mort, de violence, celle qu'on fait aux autres et qu'on se fait à soi-même et, surtout, un roman qui revient encore et toujours aux difficultés de la relation à la mère.

Le talent de l'auteur tient dans l'importance donnée aux sens: les bruits d'enfants dans la rue, l'odeur de la sueur d'un homme, le frolement d'un tissu rèche contre la peau. On retrouve aussi dans le roman de Valentine Goby ce talent de s'attarder sur les petites choses, les souvenirs évanescents, les petites parcelles de vie et ce qu'elles révèlent, cette lenteur qui accentue l'horreur de l'attente, pour en arriver à cette fin terrible, qui laisse au lecteur un arrière-goût amer.
Valentine Goby, Qui touche à mon corps je le tue, Gallimard.

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