dimanche 13 février 2011

La trilogie de l'elfe noir

Les drows!
Voilà une espèce de fantasy maléfique à souhait. Peut-être la meilleure à ce titre. Les elfes noirs (les drows, donc, pour le nom officiel) sont égoïstes, cupides, imprévisibles, cruels, sadiques... En deux mots et en bref : ils sont mauvais et chaotiques. Et ils ont la puissance qui va avec! Heureusement pour la majeure partie des êtres vivants des Royaumes Oubliés (c'est le nom du monde où ils vivent), les drows vivent loin, très loin dans les entrailles de la planète, en un lieu appelé l'Outreterre. Et les pires d'entre eux (car oui, il en existe de pires que les autres) vivent dans cette magnifique cité au nom imprononçable : Menzoberranzan.
Manque de chance, Drizzt Do Urden y est né, et il ne part pas du bon pied.
Premier mauvais point pour lui, il est mâle. Et dans cette société matriarcale de chez matriarcale, être un mâle, c'est pas la panacée. Traités comme des sous-drows, corvéables à merci, leur vie est loin d'être facile. A Menzoberranzan, il n'existe pas de drows mâles inutiles. Pour être plus précis, il n'existe pas de drows mâle inutiles et VIVANTS.
Deuxième mauvais point : Drizzt est un elfe noir bon. Bon, dans le sens empli de pitié, d'empathie et de compassion. Du genre à descendre votre poubelle et à aider les petits vieux à traverser la route. Or, à Menzoberranzan, les boy-scouts ne sont pas les bienvenus.

Et c'est ce qui fait le sel de la trilogie de l'elfe noir (les trois premiers romans d'une saga dédiée aux déboires de Drizzt Do Urden. Et déboires il y aura!) : la découverte de cette société remplie de perversité, de haines fratricides, fondée sur des bases bancales qui encouragent et félicitent la traîtrise, qui applaudissent le meurtre. Une société intégriste aussi, toute entière vouée à l'adoration d'une déesse malfaisante et terrible, où tout élément faible est utilisé puis écrasé.
Et l'on s'y croit. C'est tout le talent de R.A Salvatore de nous raconter, par petites touches, cette anti-société, ce modèle de vie qui ne peut pas être viable et qu'il arrive pourtant à rendre crédible sinon réaliste. Comme il arrive à rendre crédible la psychologie de ces êtres inhumains, dans tous les sens du terme, que sont les drows.
Et puis il y a Drizzt. Par les neufs enfers, quelle classe! Le destin de cet elfe noir en prise avec sa conscience, rempli de doutes, à la recherche désespérée d'un sens à sa vie au milieu des pires bassesses nous passionne avant tout parce que Drizzt Do Urden est le héros par essence, beau, agile, intelligent... A nous rendre jaloux.
Et il aura besoin de toutes ces qualités, et du soutien de son amie Guenhwyvar, énorme panthère magique qu'il peut invoquer à tout moment, pour survivre aux pièges de son peuple et à la vie en ombre-terre pleine de dangers, d'ennemis retors et de monstres brutaux (et oui, c'est de l'héroic-fantsy!) et, mais plus rarement, d'amis indéfectibles. Un monde et un peuple qu'il finira par fuir pour gagner cet ailleurs pour lequel son cœur bat, la surface, là-haut, où d'autres défis l'attendent et où les préjugés envers la terrible ascendance qu'il porte sur son visage le suivront partout.
Certes pas un chef-d'oeuvre, voilà tout de même une histoire bien menée, rythmée, une aventure grandiose, épique, qui mènera Drizzt à lutter contre les siens et nous entraînera à ses côtés des profondeurs de l'Outreterre jusqu'aux plus hautes montagnes des Royaumes-Oubliés.

  Terre natale/ Terre d'exil/ Terre promise, R. A. SALVATORE
nouvelle traduction 2010, Milady,
19,50 euros en GF, existe en version poche

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